Gwendal van Hooland
Directeur Tracking & Data-Management
Carat Interactive - Isobar
Parcours scolaire :
J’ai commencé par un Bac S, puis une Hypokhâgne-S et une Khâgne-S à
Lakanal.
Ensuite j’ai poursuivi par un Magistère de Modélisation Appliquée à
l’université, et enfin un DEA de Stratégie et Management à HEC.
Donc un parcours assez atypique qui correspond aux profils variés qu’on
peut rencontrer dans le département Tracking, à savoir qu’on y trouve des
gens venus de tous horizons, il y en a qui viennent des statistiques ou de
l’informatique, de la Comm, et d’autres qui ont un profil Sup de Co.
Stages :
Mes stages ont été axés statistiques et datamining dans le cadre de mes
études universitaires. J’ai fait des stages chez Renault, à la Direction de
la Qualité ; au Brésil, dans une entreprise de l’industrie électrique, et
au Ministère des Affaires Etrangères, toujours pour de la statistique.
D’où est venu votre attrait pour Internet ?
A l’époque Internet n’existait pas ou balbutiait. Moi j’étais déjà présent
à l’époque sur les BBS (Bulletin Board Systems, NDLR) et le Minitel. Je
participais au développement de sites sur Minitel. Et en 95, dans le cadre
de mes études, j’ai eu accès à Internet que j’ai découvert complètement par
hasard en fait. J’ai mis un petit moment à comprendre l’intérêt de la
chose, mais fatalement quand on a une adresse email pour communiquer et
qu’on a accès à quelque chose comme Yahoo!, qu’on a accès à une richesse
d’information complètement démesurée, très rapidement on ne peut plus s’en
passer. Et notamment dans le cadre universitaire, c’est toujours
problématique de trouver des articles de recherche, il faut beaucoup se
déplacer et photocopier, alors que là on a tout sous la main et c’est
rudement pratique.
Donc j’ai accroché et l’année suivante, à mi-temps je m’occupais du
laboratoire Internet à la fac.
Pouvez vous me parler de votre métier ?
Oui : il est formidable ! Et les gens qui le pratiquent sont formidables
aussi !
A l’origine, on a l’e-pub. Le problème de l’e-pub c’est que quand on confie
ses créations à un site support, on fait de lui le juge et parti.
C'est-à-dire que c’est lui qui est garant de la diffusion et que c’est lui
qu’on va rémunérer pour l’achat d’espace. Il n’y a pas de notion de
contrôle de la diffusion donc on doit se fier aveuglément à ses chiffres et
quand on a un plan de diffusion qui doit être respecté, s’il n’a pas été
respecté, on le sait a posteriori, voire parfois on ne le sait pas du tout.
Son métier n'est pas d'optimiser votre campagne, son métier est de vous
garantir une audience.
Donc ça, ça a donné naissance à un nouveau métier : le trafficking. Le
trafficking, ça consistait à mettre en ligne dans un deuxième adserver - un
adserver côté agence, en plus de celui côté support – les créations, et ça
permet d’une part de contrôler la diffusion, et d’autre part, d’optimiser
les messages qu’on diffuse à l’internaute, en fonction d’indicateurs de
performance type taux de clic. Cela permet souvent de doubler les
performances média, car une personne dédiée optimise votre campagne.
Ensuite, et c’est là qu’est né le tracking, il a été question d’intégrer
des notions de retour sur investissement, donc des notions budgétaires,
financières. Et pour moi la différence entre les deux, c’est qu’avec le
trafficking on est sur la partie technique, et dans le tracking on passe
déjà sur un modèle financier.
Donc il faut être capable de comprendre ce qu’est un retour sur
investissement, et on ne va pas se contenter de mesurer de la diffusion ou
du clic, on va aussi mesurer des ventes. On va mesurer des arrivées sur
site, on va voir combien de produits on pu être « manipulés » par
l’internaute. On va mesurer des interactions entre la marque et
l’internaute en fait. Et comprendre l'acte d'achat.
Et peu à peu, il y a différents leviers qui sont apparus sur Internet,
comme l’affiliation, les mots clés, et bien entendu les annonceurs ont eu
la même exigence sur ces mots clés que sur les pubs. Et là le tracking a
acquis un rôle de chef d’orchestre et d’arbitre entre les performances des
différents leviers.
Donc aujourd’hui, l’e-pub ne représente plus qu’une partie seulement du
travail du service, mais la grosse partie du travail du service c’est
d’être capable d’effectuer des arbitrages budgétaires pour le compte de nos
annonceurs. Donc en fonction des performances de chaque leviers, voire des
performances combinées. Par exemple, l’e-pub marche plutôt bien avec le
paid search (positionnement payant sur les moteurs de recherche, NDLR).
Donc si je lance une offre XYZ, il serait bon que, si mon internaute ne
clique pas, parce qu’il n’a pas le temps à ce moment précis, que quand il
revienne le soir, et qu’il cherchera fatalemet sur Google en tapant XYZ :
il faut impérativement que je sois positionné sur ce mot clé si je veux
générer du trafic sur mon site.
Donc on participe à l’arbitrage global de la répartition des budgets sur
les différents leviers.
Quelles sont les axes d’évolution dans votre métier ?
Le marché français n’évolue pas très rapidement à mon sens, mais nous chez
Isobar on a mis les bouchées doubles et on ne va pas l’attendre. Je pense
qu’on a pris une certaine avance à ce niveau là, c'est-à-dire qu’on a
différents axes d’évolution.
Deux axes principalement : le premier axe c’est sur du comportemental, donc
ce qu’on cherche à faire c’est à construire un historique long de
comportement du client, qu’on analyse ensuite pour calculer quelles sont
les différentes combinaisons de leviers et dans quel laps de temps les
interactions se réalisent, qui permettent de générer une vente.
On travaille aussi sur une notion de réachat dans des secteurs comme le
e-travel. Quelqu’un qui a acheté ses vacances en été 2005 chez moi, que
va-t-il se passer en 2006, est ce qu’il va avoir un comportement similaire
ou pas ? Et comment est ce que moi je dois construire un dispositif
marketing pour inciter cette personne à revenir chez moi ? Donc là on est
sur un travail de fidélisation qui va permettre d’amortir considérablement
le coût d’acquisition que j’ai eu en première année.
Ca c’est le premier axe, et le deuxième axe c’est du pur datamining, où en
fait, étant donné qu’on remonte des masses de données de nos différents
outils de mesure, on fait travailler dessus des algorithmes qui permettent
de ressortir des informations pertinentes à forte valeur ajoutée qui sont
complètement noyées dans la masse. On ne peut pas les voir à l’œil nu donc
ces algorithmes vont les chercher pour nous. Et donc on cherche in fine à
créer des clusters, des catégories type de clients, à qui on va s’adresser
de manière personnalisée par des moyens différents, avec des messages
différents. Donc je ne vais pas m’adresser du tout de la même manière à un
jeune de 22 ans qui m’a acheté une semaine de vacances promo en Tunisie, et
à un couple de quadragénaires qui est descendu trois semaines dans un 5
étoiles à Bali.
Donc pour chacun on va avoir un axe différent, on va avoir par exemple de
la vente promotion d’un coté et de l’up-selling sur le 8 étoiles de Bahrein
ou du cross–selling en rajoutant une croisière de l’autre coté.
Quel est votre site préféré ?
Amazon sans hésiter.
Pour plusieurs raisons, la première c’est que le site web, finalement,
n’est que la déclinaison concrète d’un concept qui a servi à construire la
marque Amazon, qui est « je veux construire un magasin qui soit capable de
me faire des suggestions ». On est habitué, en supermarché, à être livré
tout seul, avec son caddie vide, à des rayons énormes dans lesquels je dois
effectuer un choix. L’idée de base, c’est de dire : « une main amie va me
tendre des produits qui vont correspondre à mes besoins, à mes goûts » . Et
en fait, Amazon est un système de tracking en temps réel.
C'est-à-dire que chaque fois que je vais effectuer une action, il va
regarder quelles autres actions ont été effectuées par des gens qui me
ressemblent et me proposer des objets qui sont donc susceptibles de
m’intéresser parce qu’ils ont intéressés des gens qui sont similaires à
moi.
Donc c’est pour moi le plus beau site d’e-commerce qui puisse être.
Votre société recrute t’elle ?
On a pas mal recruté au 2ème semestre 2006. On continuera à recruter
l’année prochaine en fonction des différentes évolutions du service. A
savoir qu’on a différentes nouvelles activités qu’on veut véritablement
distinguer au sein du service et qu’on n’a pas suffisamment de profils pour
couvrir l’ensemble de nos besoins. Et après ce sera en fonction du volume
d’activité, et aujourd’hui j’ai la chance d’être dans un groupe qui se
porte « plutôt bien » (sourire), on vient de remporter GM, qui est un
budget européen de 600 millions d’euros, c’était la plus grosse compétition
de l’année en Europe. Et il y a 180 personnes dédiées qui ont été
embauchées pour s’occuper de GM. Fatalement, il y aura des impacts sur le
web.
Avez-vous besoin de stagiaires dans un futur proche ?
Je ne pourrai pas m’avancer sur le calendrier des autres services, mais au
Tracking, on a en permanence au cours de l’année trois postes qui sont
ouverts, qui nous permettent de prendre un premier contact avec les gens,
et qui nous sert de vivier de recrutement ensuite, quand on a besoin de
recruter des gens, parce qu’ils sont déjà formés à nos outils, à nos
méthodes, que ça a bien marché, qu’il y a eu un bon contact avec l’équipe.
Cela nous facilite grandement les choses étant donné, je le rappelle, qu’il
n’y a malheureusement pas de formation Tracking dans l’enseignement
supérieur.
Connaissez-vous la formation MCI ?
Oui, tout a fait puisqu’on a accueilli plusieurs stagiaires venant de MCI
et on est en contact, chez nos clients, avec des interlocuteurs qui
viennent de MCI. Alexandre Boudier, chez un de nos clients, pourra vous en
dire plus.
MCI n’a pas encore l’assise des écoles de commerce centenaires, certes,
mais sa jeunesse lui a permis d’être dès le départ en totale adéquation
avec les attentes du marché, et c’est un véritable plaisir d’avoir face à
soi des débutants qui connaissent et comprennent déjà les rouages du
commerce sur Internet. C’est nouveau pour nous en tant qu’employeurs. Et
c’est ce qui me fait dire que MCI n’a pas encore un grand passé, mais est
déjà assuré d’avoir un bel avenir…
La qualité des intervenants et le choix de promotions à effectifs plus
restreints « colle » bien à nos attentes, car Internet demeure un petit
monde où tout le monde se connaît, et parle la même langue. Parler dès le
départ la même langue que votre futur employeur augmente nécessairement vos
chances de succès !
Quelles sont les perspectives d’évolution dans votre métier ?
Tracking est une belle école qui permet ensuite d’évoluer en interne plus
rapidement : une de mes équipières vient de rejoindre le service commercial
pour gérer un poids lourd de l’informatique, la transition a été naturelle,
elle semble s’épanouir pleinement dans ses nouvelles fonctions, alors
qu’elle n’aurait pas pu devenir commerciale sans passer par Tracking. Je
suis très fier d’elle (coucou Aurélie…). D’autres iront vers de
l’Affiliation, du Média, du Search, mais Tracking est une bonne école qui
ouvre des portes, quand on n’est pas encore fixé sur son avenir
professionnel, en plus des possibilités naturelles d’évolution au sein du
service. On voit plein de choses chez nous, c’est instructif quand on
débute, c’est mieux que de se spécialiser sans savoir vers quoi on va
exactement ;-)
Trois perspectives donc : en interne vers du management, dans d'autres
services avec un effet accélerateur, ou dans d'autres entités du groupe
spécialisées dans des domaines plus pointus.
Un dernier mot ?
Je souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année à tous les étudiants MCI, je
sais que votre formation est assez éprouvante, et j’espère pouvoir lire
prochainement vos CV, tant moi chez Carat Interactive, qu’Eric Pinson chez
Archi & d’Alembert, mon homologue de notre agence jumelle des E-Marketing
Services au sein du groupe Isobar ! Si vous pensez faire partie des
meilleurs, venez travailler avec les meilleurs, on s’entendra à merveille.
Fuyez la cohue, faites vos courses de Noël sur Internet !
propos recueillis par Aurore Gaczol
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